Alpes de Haute-Provence : loi asile, immigration et intégration réussie, « notre travail ne s’arrêtera pas au vote »

TRIBUNE / Alpes 1 ouvre sa Tribune aux élus et acteurs socio-économiques des Alpes du Sud. Aujourd’hui, Delphine Bagarry, députée LREM des Alpes de Haute-Provence et vice-présidente du groupe d’études sur les Mineurs isolés étrangers

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Depuis ce lundi soir a débuté à l'Assemblée nationale l'examen du projet de loi asile et immigration. Le ministre de l'Intérieur pour qui ce texte balance entre humanité et fermeté, ce que conteste la députée (LREM) des Alpes de Haute-Provence, Delphine Bagarry, qui « ne votera pas en l’état un texte, qui envoie un mauvais signal politique de ce que doit être la France dans l’accueil de l’immigration. » Considérant que « ce n’est pas la loi qui réglera le problème » mais bien l’augmentation de moyens auprès de l'OFPRA notamment pour traiter les demandes dans un contexte qui dépasse largement nos frontières.

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Aujourd’hui l’élue bas-alpine signe une tribune avec Stella Dupont (Députée LREM de Maine-et-Loire), Sandrine Mörch (Députée LREM de Haute Garonne) et Martine Wonner (Députée LREM du Bas Rhin)

 

« Dans un esprit à la fois constructif et avec ténacité, notre collectif s'est emparé des questions de l’asile, de l’immigration et de l'intégration. Nos oppositions à certaines dispositions du Projet de loi ont été relayées dans les médias. Celles que nous avons soutenues et saluées sont souvent restées moins audibles. L'extension du bénéfice de la réunification familiale, l'accession immédiate à des titres de séjour plus longs, l'accompagnement des mineurs en apprentissage au passage à leur majorité constituent des éléments forts de ce texte. En commission, la précision apportée à la définition de pays d'origine sûr, pour exclure expressément les pays dans lesquels l'orientation sexuelle est pénalisée, représente une avancée incontestable. Nous partageons cette volonté forte du Gouvernement d'inclure mieux, et plus rapidement.

Nous restons toutefois interrogatives, tant sur l'opportunité que sur l'efficacité réelle du texte, et aurions préféré une approche différente. Membres de la majorité, nous avons été élues pour porter de façon bienveillante, mais haut et fort les valeurs de co-construction qui sont les nôtres. Dans cet esprit, nous nous sommes saisies de ce passionnant débat, comme nombre de nos collègues. Nos inquiétudes persistent sur l'accès aux droits, la durée de la rétention, ou encore le délai de recours. Nous regrettons l'absence de certaines mesures qui, selon nous, auraient dû figurer dans ce texte. Quid d'un accès au travail dès le début de la demande d'asile? De l'abrogation effective du délit de solidarité pour l'aide au séjour et à la circulation? Des situations des mineurs, aussi diverses que complexes?

Notre position et les amendements portés sur ce texte en commission, puis dans l'hémicycle sont le fruit de notre travail parlementaire. La prise en compte de la vulnérabilité des étrangers arrivant sur le sol français en est le fondement. Pour garantir cette République inclusive, nous devons mettre en œuvre des mécanismes adaptés aux besoins et aux spécificités. C'est en incluant chacun, dans son unité et dans sa diversité, que notre société pourra continuer à se construire, riche de nos individualités, de nos cultures et de nos racines. Notre action de groupe, menée en toute transparence, a fait avancer la réflexion collective. Ces amendements reflètent les valeurs que nous partageons, et que nous avons mises en commun pour enrichir ensemble ce projet de loi.

Fondamentalement attachées à l'accès effectif aux droits pour toutes et tous, que l'on soit Français ou que l'on vienne d'un autre pays, que l'on vive sous un toit ou dehors, que l'on soit entouré ou démuni, chaque personne se trouvant sur notre territoire doit pouvoir connaître et se prévaloir des droits dont elle dispose constituant ainsi une égalité réelle. L'accès à ces droits demeure la condition sine qua non du sentiment d'appartenance à notre société et à notre pays. Ce souhait d'y prendre part est le terreau d'une intégration réussie.

Au sein de cet hémicycle, nous n'oublions ni nos racines, ni nos expériences. Nous n'oublions pas le travail remarquable des nombreux bénévoles et professionnels qui, chaque jour, sans relâche, portent leurs valeurs avec force, sur le terrain, auprès de celles et ceux qui en ont besoin. Ces images nous guideront lorsque nous devrons voter, tard dans la nuit ce soir ou demain. Mais après ce vote, devrons-nous clore l'important sujet qu'est celui de l'intégration? Pourrons-nous laisser de côté cet enjeu fondamental, qui nous mobilise depuis tant d'années et, simplement, passer à autre chose? Nous ne le croyons pas. Nous devons à toutes celles et ceux qui œuvrent en faveur de l'intégration de continuer, inlassablement, à nous mobiliser pour cet immense combat que nous partageons afin de lutter contre les inégalités, dans toutes leurs formes, à la racine. Ce sont là les jalons que nous avons posés lors de l'examen de ce texte de loi, et les valeurs que nous continuerons à porter avec ténacité tout au long de cette mandature. »