Alpes de Haute-Provence : la médecine interne disparaît de l'hôpital ?

SANTE / Le service de médecine interne de l'hôpital de Digne-les-Bains doit fermer ce jeudi.

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Une pétition lancée sur internet, pour sauver le service de médecine interne de l'hôpital de Digne-les-Bains. Il est menacé de fermeture au 1er février, soit ce jeudi. Selon les opposants au projet, tous les patients vont devoir se reporter sur Gap ou Marseille, allongeant ainsi les distances et les temps d’attente.

 

Médecine interne, de quoi parle t-on ?

Un service de médecine interne, créé à Digne les Bains dans les années 70. Les médecins internistes sont souvent considérés comme de « supers » médecins généralistes qui interviennent en milieu hospitalier et agissent sur l’individu dans sa globalité. Il s’agit en réalité de véritables spécialistes qui se situent en relais de la médecine générale et de la médecine spécialisée d’organe. Des spécialistes qui savent prendre en charge aussi bien les patients présentant des pathologies dites courantes mais imposant l’hospitalisation, aussi bien ceux atteints de maladies rares ou de diagnostic complexe.

Une spécialité rendue célèbre dans le monde entier par la série « Docteur House » et surtout reconnue comme un label de qualité, aussi bien pour la patientèle que pour les médecins hautement qualifiés qui recherchent ce type de services dans un établissement pour s’implanter.

 

Disparition de la médecine interne ou transformation ?

Sauf qu’aujourd’hui, la direction ne parle plus de disparition sèche mais de transformation. Une partie des 23 lits de médecine interne ira à la gériatrie, d’autres seront transformés en lits polyvalents. Une annonce qui a rassuré le syndicat Force Ouvrière ce matin, après une rencontre avec la direction, « il a été assuré que l’activité de médecine interne ne serait pas remise en question, que les patients relevant de cette spécialité bénéficieraient du même suivi et des mêmes prestations qu’auparavant : consultations, examens et hospitalisations si besoin ».

Aux accusations d’une véritable disparition déguisée en transformation de lits polyvalents, Richard Lamouroux le directeur du centre hospitalier, rejette les arguments, « aucun lit n’est fermé, c’est une réorganisation. L’activité de médecine interne va perdurer avec les effectifs médicaux, autour d’une organisation plus souple ». Une organisation plus souple autour de lits polyvalents « pour ne pas figer les choses car le nombre de patients par spécialité évolue selon certaines périodes ».Les explications de Richard Lamouroux, le directeur du centre hospitalier de Digne :

 

« Un centre hospitalier qui ne possède plus de médecine interne, le cœur de l’hôpital, deviendra peu à peu un hospice », G. Guigou

 

L’un des premiers à réagir à cette annonce est le docteur Georges Guigou, ancien chef du service de pneumologie au sein du centre hospitalier de Digne les Bains de 1956 à 1990. Selon lui, le service de médecine interne « est aussi reconnu par son enseignement clinique accrédité par la Faculté de Médecine de Marseille comme centre de formation de médecins généralistes dont beaucoup s’installeront dans notre région ».

 

 

Il précise ainsi qu’en 1990, il en avait « compté 14. Depuis leur nombre a certainement augmenté ». Une fermeture « préjudiciable à la population » selon Georges Guigou pour deux raisons : « ne plus recevoir les malades qui n’ont pas encore de diagnostic et qui seront dirigés vers les hôpitaux de Manosque ou de Gap » et la « raréfaction des choix des internes qui ne trouveront plus dans notre hôpital le terrain favorable à leur formation de médecins généralistes ».

 

« Il faut avoir la naïveté d’un directeur qui n’est pas médecin pour avoir osé dire que la médecine interne existe toujours au sein de l’hôpital sans lits spécifiques »

 

Le Docteur Georges Guigou ajoute à l’attention du directeur Richard Lamouroux qu’il « faut avoir la naïveté d’un directeur qui n’est pas médecin » pour soutenir que ce service de médecine interne perdure toujours avec des lits polyvalents, « la médecine interne ce n'est pas un médecin interniste c'est un service avec des lits spécifiques. Ce n'est pas connaître comment un médecin pourrait s'occuper de ses malades sous la direction d'un autre chef de service ». Le spécialiste voit là l’hypothèse d’une « attaque directe contre le docteur Chalvet ».

La pétition est à retrouver en ligne, déjà signée par plus de 1.250 personnes.