Alpes de Haute-Provence : gare SNCF de La Brillanne, l’agent en grève de la faim

TRANSPORT / Après de nombreuses actions menées depuis mai 2017, le dernier agent de la gare, Luc Héritier entame « une solution extrême, pour mettre en porte à faux nos élus qui n’ont pas fait leur travail pour les usagers. »

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Luc Héritier est le seul agent en activité dans la gare SNCF de la commune de La Brillanne, après la perte de deux emplois suite à la fermeture de la gare, le matin. Un poste qu’il partage avec cinq agents de réserve. Des agents de passage, censés combler les manques et remplacer les absences ou le personnel en congé sur la ligne. Sept ans que celui-ci est en poste dans le département, mais déjà 28 ans de carrière au compteur.

Voici des mois qu’il bat le fer avec le maire de La Brillanne et qu’il alerte les élus locaux sur l’avenir d’une gare « qui ne cesse de croitre en matière de fréquentation, plus que Manosque même », indique sur Alpes 1 Luc Héritier. Mais devant le manque de réponse, y compris de la part de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, celui-ci a décidé de débuter une grève de la faim depuis ce jeudi.

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Une grève de la faim pour avoir des réponses

Devant une gare fermée, Luc Héritier a élu domicile dans sa Citroën Berlingo sur le parking de la station. Un panneau expliquant sa démarche et une feuille de soutien signée par plusieurs dizaines de personnes placardées sur les vitres de sa voiture, l’environnement intérieur est rustique : quelques draps en guise de rideau et les sièges arrières de l’utilitaire rabattus, il a simplement installé un matelas avec quelques bonnes couvertures pour résister au froid des nuits hivernales.

De passage après cette première nuit, sa femme et son fils viennent récolter des nouvelles. Sans inquiétude apparente sur la démarche de son mari, « elle a l’habitude de me voir me bouger », explique Luc, elle lui promet de « revenir avec du thé chaud » pour passer la journée.

Si Luc Héritier s’est lancé dans cette démarche, c’est avant tout pour avoir des réponses sur l’avenir d’une gare qui a vu passer ses premiers trains en 1872. « Tout a commencé au mois de mai 2017, quand on a appris qu’on serait peut-être fermé en fin d’année lors des changements d’horaires qui ont traditionnellement lieu mi-décembre. » S’en est suivie un rassemblement d’une centaine de personnes en septembre dernier, pour alerter la population et manifester leur désaccord, avant le vote du budget transport de la Région. Une Région qui à l’issue a suivi les recommandations de la SNCF de fermer la gare de La Brillanne. « Je pense que c’est une erreur d’appréciation de part l’activité de la gare », insiste Luc.

Posant un préavis de grève suite à cette décision, «  seule solution pour faire bouger les choses », Luc apprend « qu’aucun élu du département ou de la Région n’a pris l’initiative de mener une action politique pour faire pression. » C’est ainsi qu’il s’est lancé dans une « une solution extrême, pour mettre en porte à faux nos élus qui n’ont pas fait leur travail pour les usagers. » Des élus locaux comme les conseillers régionaux : David Géhant et Éliane Bareille. Mais aussi les maires de La Brillanne, Jean-Charles Borghini, le maire de Forcalquier Gérard Avril et le maire d’Oraison Michel Vittenet.

 

« Ça vaut le coup de se battre pour une gare qui regroupe plusieurs communes et au moins 20.000 personnes »

Une gare qui selon Luc enregistre « une quinzaine circulation par jour de trains, une fréquentation de passager en hausse, un chiffre d’affaires conséquent et un projet de développement pour une gare multimodale. » De nombreux passagers, mais aucun chiffre précis. « On les a demandés à plusieurs reprises mais ils ne nous ont jamais été communiqué », déplore Luc qui déplore la disparition de 4,5 emplois si la gare venait à fermer définitivement.

 

Les syndicats Sud, CGT, FO et la France Insoumise en soutient

Ce jeudi s’est également tenu un rassemblement à La Brillanne, pour dénoncer la fermeture partielle de la Gare,  notamment du guichet. « Il y a grand risque de fermeture définitive et totale de cette gare pourtant si utile aux usagers », dénonce la France Insoumise des Alpes de Haute-Provence suivie par  le comité des usagers de Pertuis (Vaucluse).

 

 

Bonus : quand un panneau d’affichage peut en cacher un autre

Lors de cette rencontre avec Luc Héritier, celui-ci nous a également expliqué le fonctionnement des panneaux d’affiche des horaires de trains. À la question pourquoi certains horaires ne correspondent pas aux passages de certains trains ? la réponse nous a menés à Paris…

 

 

« Sur le terrain, nous envoyons les données chaque jour à un central à Paris. Mais lorsqu’un train à par exemple un retard d’une heure, Paris logiquement annonce une heure de retard. Sauf que dans les faits il arrive souvent que le retard soit rattrapé. » Résultat, certains usagers sur place plutôt que d’attendre, reviennent une heure plus tard, alors que le train est déjà passé. « Alors que sur place, nous sommes en capacité de joindre le conducteur qui nous indique précisément sa position », précise Luc.

 

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