Alpes de Haute-Provence : tendant la main à la droite et au centre, René Massette est élu président

POLITIQUE / Ce vendredi 29 septembre se tenait l’élection du successeur de Gilbert Sauvan. Tendant la main à l’opposition (LR-UDI), René Massette remporte le scrutin face à Claude Fiaert.

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Ce vendredi matin, au sein du Conseil Départemental des Alpes de Haute-Provence, les élus se sont succédés devant l’urne pour élire le nouveau président de l’assemblée. Un vote, comme le veut la règle, « sans discours ni débat », précédé d’hommages envers le président démissionnaire, Gilbert Sauvan, emporté peu de temps après par la maladie.

 

Une défaite collective de la majorité pour assurer la succession

Alors que la succession de Gilbert Sauvan était prévisible, la majorité s’est perdue dans une guerre ouverte qui laissera des traces pour les trois années restantes de cette mandature. Si le président sortant avait annoncé, peu avant son décès, qu’il soutenait la candidature de Claude Fiaert, celle-ci n’a pas fait l’unanimité au sein de la majorité départementale. Au contraire, chacun se prévalant d’un esprit de loyauté envers Gilbert Sauvan, la candidature de Nathalie Ponce-Gassier et de René Massette est venue remettre en question le peu d’esprit de cohésion qui tenait encore la majorité, plongeant celle-ci en plein doute, avant de voir la division s’installer.

Nathalie Ponce-Gassier, ayant jeté l’éponge une semaine avant le vote final, l’hémicycle s’est divisé en l’espace de quelques jours en deux groupes, mettant au centre du jeu politique une opposition (LR-UDI) largement minoritaire, dans le rôle du juge de paix, ou plus précisément dans le rôle d’émissaire envers des candidats en manque de base arrière politique. Avec comme candidat, le chef de l’opposition centriste, Jacques Brès. Ou comment une mésentente collective a fait perdre les rênes de l’Assemblé Départementale à la gauche.

 

Quand l’un promettait « une nouvelle gouvernance », l’autre ne souhaitait « aucune compromission »

Dans ce billard à trois bandes, le choix pour les deux candidats de la majorité était simple : tendre à la main à l’opposition, en lui garantissant une place plus importante dans l’hémicycle ou espérer voir des élus de la majorité, attachés au sens du clivage gauche-droite, se retirer de ce calcul politique.

Dans cette équation, c’est René Massette (candidat investi par le PS 04) qui a su mettre de côté ce clivage, en tendant la main en premier. Un paradoxe, lorsqu’on se souvient que c’est Claude Fiaert qui avait donné son parrainage à Emmanuel Macron lors de la présidentielle, sur le thème du « ni droite, ni gauche » mais qui declarait il y a quelques jours sur Alpes 1 : « il n’y aura pas de compromissions mais des compromis. » Dont acte pour la droite, ne restait plus qu’à négocier avec le plus offrant.

 

Jacques Brès, en tête au premier tour

Ainsi, le Manosquin Jacques Brès, est arrivé en tête au premier tour avec 11 voix, devant Claude Fiaert (10 voix) et René Massette (9 voix). Une opposition en tête, grâce aux voix  de deux conseillers départementaux indépendants, mais plus surprenants, avec une voix venue de la gauche. Il se présentait ainsi pour le second tour en position de force pour négocier.

Jacques Brès provoque alors une intervention de séance de 15 mn. De retour dans l’hémicycle, les négociations passées, celui-ci retire logiquement sa candidature. « Ce fut une grande satisfaction pour mon groupe et moi-même d’arriver en tête au 1er tour. Maintenant, nous savons compter et nous sommes lucides des équilibres politiques, et nous souhaitons offrir la possibilité de reconsidérer les méthodes de gestion au sein de l’assemblée départementale. Et nous apportons notre soutien à René Massette ».  

 

Des accords et un président avec les voix de la droite et du centre

Conclusion, René Massette, élu depuis 1998 avec les voix de la gauche, récolte la présidence du Département avec 17 voix, dont celles de la droite, contre 14 pour Claude Fiaert, lors d’une élection où des gages ont été donnés aux nouveaux partenaires de la droite et du centre. L’opposition qui hérite de trois postes de vice-présidents. Mais le nouveau président précise en guise d’apaisement lors de son discours d’intronisation vouloir tendre la main « à ceux qui le souhaitent, dans un esprit constructif (…) mon seul objectif est de continuer à agir pour le bien du département. »

 

« Vous avez la lourde tâche de poursuivre ou pas les actions de Gilbert Sauvan »

Mais une élection avec la droite pose question sur les engagements apportés aux électeurs de gauche qui avaient élu la liste de Gilbert Sauvan en 2015. Alors le conseiller départemental et sénateur, Jean-Yves Roux demande au nouveau président élu de ne pas faire table rase de ces promesses passées. Ce que s’est engagé à faire René Massette. Des engagements qui n’auront pas convaincu l’une des grandes perdantes de ce scrutin, le maire de Digne-les-bains, Patricia Granet, passée de 1ère vice-présidente à simple conseillère départementale. Avec comme premier signe de désapprobation une absence sur la première photo de famille, n’excluant pas « de rejoindre un groupe d’opposition indépendant dans un futur proche. »