Alpes de Haute-Provence : demandeurs d’asile menacés de renvoi en Italie, Solidarité Ubaye interpelle le préfet

SOCIÉTÉ / Six demandeurs d’asile du Centre d’Accueil et d’Orientation de Barcelonnette sont convoqués en préfecture, du fait de la directive Dublin.

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Solidarité Ubaye interpelle le préfet des Alpes de Haute-Provence, alors que six demandeurs d’asile du Centre d’Accueil et d’Orientation de Barcelonnette sont convoqués en préfecture du fait de la directive Dublin. Ces demandeurs d’asile ayant d’abord transité par l’Italie, l’association Solidarité Ubaye craint que leur demande d’asile soit ainsi instruite dans ce pays.

 

Qu’est-ce que la directive Dublin ?

Selon la directive européenne « Dublin », un seul État est responsable de l’examen d’une demande d’asile dans l’Union Européenne. Il peut s’agir du pays dans lequel le demandeur d’asile est entré et dans lequel il a été contrôlé, ou l’État qui accorde un titre de séjour ou un visa. Dans le système français, c’est la préfecture qui se prononce sur l’État responsable d’une demande d’asile. La préfecture, lors d’un premier rendez-vous, consulte donc le fichier Eurodac. Un fichier dans lequel les empreintes digitales sont enregistrées, si elles ont été relevées dans un autre pays de l’Union Européenne.

Si c’est le cas, le demandeur d’asile est placé en procédure Dublin. Selon l’association Solidarité Ubaye, ces six demandeurs d’asile proviennent d’un groupe de quarante personnes, « arrivées des camps de La Chapelle et de Stalingrad à Paris » et qui ont intégré le Centre d’Accueil et d’Orientation de Barcelonnette en novembre 2016. Des demandeurs d’asile « originaires du Soudan, de Somalie et d’Erythrée, qui ont fui la guerre » avant de débarquer en Italie, où ils auraient subi selon l’association « une prise d’empreintes digitales forcées ».

 

Les arguments de l’association

Aujourd’hui, l’association demande au préfet des Alpes de Haute Provence «  de revenir sur l’application de la Directive Dublin et de commencer à instruire ces demandes d’asile de Barcelonnette ». L’association avance plusieurs arguments : la possibilité pour l’État français de ne pas appliquer cette directive et d’appliquer la clause de souveraineté discrétionnaire du règlement Dublin, comme ce fut le cas lors du démantèlement de la jungle de Calais. Autres arguments avancés par l’association : « ils sont intégrés, participent à des cours de français au moins 4 heures par semaine, ainsi qu’à de nombreuses activités culturelles et sportives ». Solidarité Ubaye souligne également que « des liens très forts de confiance et d’amitié se sont noués, participant de la reconstruction psychologique de ces jeunes profondément traumatisés ».

 

Les éléments de réponse de la préfecture

De son côté, la préfecture des Alpes de Haute-Provence indique qu’il est « important que chaque personne puisse voir sa situation traitée par les services de l'État dans les meilleurs délais. Pour cela, il est indispensable de mettre en œuvre la réglementation en vigueur. »  Elle insiste sur le fait que « leur transfert vers le pays de première demande d'asile permet alors de mettre à l'abri d'autres demandeurs d'asile en besoin de protection. Les migrants qui sont renvoyés dans le pays d’accueil européen demeurent protégés par les lois internationales ». Une pétition a été lancée par l’Association Solidarité Ubaye sur le site change.org.

 

A noter : le « Dublinage », une situation déjà dénoncée dans les Hautes-Alpes en début d’année. En savoir plus >>> Hautes-Alpes : les migrants accueillis renvoyés vers l'Italie ?