Alpes de Haute-Provence : la Chambre Régionale des Comptes pointe du doigt la gestion du Lauzet Ubaye

ÉCONOMIE / La Chambre Régionale des Comptes a passé au crible la gestion depuis 2009 de la commune, et parlent de procédures de sélection de marchés, menées de manière "brouillonne" et "parfois fantaisiste", "systématiquement biaisées", "irrégulières" et "entachées de manipulations grossières"

 

- Alpes de Haute-Provence -

Le Lauzet-Ubaye, cible de critiques sans détours par la Chambre Régionale des Comptes. Cette dernière vient de publier son rapport d’observations définitives concernant la gestion de la commune, et pointe des « procédures de sélection de marchés, menées de manière brouillonne et parfois fantaisiste, systématiquement biaisées, irrégulières et entachées de manipulations grossières ». Une commune qui se trouve, selon la CRC, « dans une passe délicate du fait d’investissements particulièrement hasardeux menés entre 2011 et 2013 », alors sous la houlette de l’ancien maire Michel Lanfranchi. Contacté, il ne souhaite pas répondre.

 

Le camping du Bouas, « un prix d’acquisition inexplicable »

La Chambre Régionale des Comptes revient sur l’acquisition par la commune du Lauzet-Ubaye du camping du Bouas en 2011 pour plus de trois millions d’euros. Un prix d’acquisition « inexplicable » pour la Chambre, car la commune n’avait aucune raison de payer un prix aussi élevé « pour le rachat de constructions encore inachevées », des travaux payés au promoteur par la commune et achevés « que de très mauvais gré et avec un an de retard ». Un camping donné ensuite en location à une entreprise privé, Odalys-Vitalys. Là encore, la Chambre Régionale des Comptes critique ce choix et pointe « une mise en concurrence factice ».

Un locataire qui n’a pas payé son loyer annuel de 285.000 euros hors taxe, et bénéficié de trois années de franchise de loyers pour compenser les travaux réalisés. « Au 1er décembre 2015, le locataire ne s'était acquitté que de 142 500 € HT pour trois années d'activité. Or, ce loyer était censé couvrir intégralement l'annuité de la dette contractée par la commune pour l’acquisition du camping, qui est de 265 000 € par an, à laquelle s’ajoutent nécessairement les dépenses du propriétaire ».

 

Une attribution des marchés « brouillonne et entachée de manipulations grossières »

Selon la CRC, la commune a eu systématiquement recours au même maître d’œuvre, « dans des conditions de sélection inexpliquées ». Un maître d’œuvre qui a lui-même attribué « dans des conditions irrégulières » des travaux à une entreprise, dirigée par son frère.

600.000 euros ont également été déboursés par la commune pour rénover la buvette du lac du Lauzet et aménager le tour du lac, avec des marchés conclus « dans des conditions de mise en concurrence inexplicables qui ont également bénéficié directement à certaines entreprises. Enfin, un atelier relais a été construit par la commune pour près de 400 000 € HT et profite à une entreprise qui occupe ce bâtiment sans aucun contrat et ne s’acquitte d’aucun loyer en violation des règles domaniales ».

 

Des investissements hasardeux et désastreux

La Chambre Régionale des Comptes revient sur les investissements réalisées par la commune, et qui auraient eu des conséquences lourdes, avec notamment l’acquisition d’un terrain pour 392.000 euros. Terrain qui aurait dû accueillir d’abord une entreprise, puis finalement un lotissement de 28 lots. Mais la justice a annulé le permis d’aménager et Lauzet Ubaye a dû débourser 525.000 euros « pour ne se trouver propriétaire que d’un terrain inconstructible ». Au final, la Chambre Régionale des Comptes recommande de résilier les marchés de maitrise d’œuvre et de travaux conclus pour la réalisation du lotissement Saint Laurent.

Un ancien hôtel au centre du village a également été acquis pour un montant de 250.000 euros, des études et des travaux ont été menés pour plus de 120.000 euros… et au final, être arrêtés.

Reste à savoir désormais si l'actuelle municipalité s'emparera judiciairement de ces conclusions.