Alpes de Haute-Provence : J-Y Roux, au chevet de la médecine rurale, demande un statut spécifique

SANTÉ / Lors du débat sur l’offre de soins dans les territoires ruraux, le sénateur des Alpes de Haute-Provence a fait l’éloge d’une médecine d’excellence qui doit être mieux reconnue.

 

-Alpes de Haute-Provence-

Les territoires ruraux plus attractifs que les villes pour 64% des Français, une réalité qui en cache une autre : si le territoire des Alpes de Haute-Provence n’est « officiellement » pas considéré comme un désert médical, par le Schéma Régional d'Organisation Sanitaire (SROS), il n’en est pas moins « un département en risque de désertification. » Un « vrai décalage » pour le sénateur PS du département, Jean-Yves Roux, « entre les chiffres et le vécu des patients. »

 

27,5% des médecins généralistes de plus de 60 ans dans le département

Un constat qui en amène un autre : d’ici trois ans, une forte proportion des médecins généralistes partira à la retraite « avec parfois des reprises d'activité très incertaine », affirme le sénateur. Et si les signaux sont au rouge pour les généralistes, que dire des spécialistes comme les ophtalmologues qui demandent des mois d’attente avant un examen et des trois seuls gynécologues libéraux du département ?

 

« Le ratio densité de médecins / population ne doit plus être le seul critère d’évaluation »

Pour le parlementaire, il est temps de changer de logiciel : «  passer d’une logique de ratio de malade à une logique d’accès réel aux soins. » S’appuyant sur l’un des rapports de la loi Montagne, qui rappelle que « les caractéristiques géographiques et climatiques ainsi que la faible offre de transport en commun rendent de manière ponctuelle ou permanente les conditions d’accès aux services de santé difficiles. » Ajoutant à son argumentaire, une évidence pour les habitants des territoires ruraux, mais manifestement nécessaire à rappeler aux sénateurs : « 30 minutes pour accéder à un médecin ne veut pas dire la même chose partout (…) notamment quand il s’agit d’un médecin traitant qui est amené à refuser des patients supplémentaires. »

 

« Les territoires ruraux ne sont pas seulement des handicaps territoriaux à compenser, mais des territoires d’innovation et d’excellence technique, y compris dans le domaine médical. » J-Y Roux

 

Des critiques et des propositions :

Pour Jean-Yves Roux, plusieurs solutions doivent s’imposer aux législateurs : tout d’abord intégrer le critère de déplacement. « Le temps de transport dans les schémas d’organisation de système de santé doit s’imposer, car outre la qualité de vie pour les patients, il serait un moyen de faire des économies pour l’assurance-maladie, qui doit régler des frais de transport qui coutent chers à la collectivité. »

Autre proposition, les maisons de santé. Et sur ce principe le sénateur s’appuie sur les engagements pris par le gouvernement avec la création de plus de 1.000 maisons de santé en France d’ici fin 2017 : « Une bonne réponse aussi bien pour les médecins, que pour les professions para-médicales, les hôpitaux et les élus. »

Une politique territoriale de santé plus fine : « Il est nécessaire de mettre en place une nouvelle politique, depuis la formation des jeunes médecins, qui pourraient faire leurs stages dans des territoires moins dotés, tout en augmentant la part de gratification lors de la signature des conventions. »

Un numérus clausus régional : là aussi, le sénateur soutient une proposition gouvernementale annoncée mi-février par le Premier ministre lors de la clôture de la  grande conférence de santé. Manuel Valls avait alors annoncé voir la mise en place de « la modulation régionale du numerus clausus aux études de médecine. » Un système déjà expérimenté dans quelques régions actuellement. Cette adaptation régionale devrait être systématisée. Objectif : tenir compte des réalités territoriales et inciter des jeunes médecins à exercer dans les régions qui en ont le plus besoin.

Enfin, le sénateur souhaite voir évoluer le statut des médecins généralistes en milieu rural, « afin que soit reconnue la spécificité de ce métier avec la revalorisation du traitement. »