Alpes du Sud : fiches S et radicalisation, nos départements ne sont pas épargnés

ATTENTATS PARIS / Alors que plusieurs personnes sont fichées dans les Alpes du Sud, PACA fait partie des régions où les départs pour le djihad sont les plus importants. Entretien avec Sébastien Pietrasanta, ancien rapporteur du projet de loi anti-terroriste


- Alpes du Sud -

De nombreuses perquisitions ont donc été menées ce jeudi et désormais on connaît le nombre de personnes faisant l’objet d’une surveillance particulière dans les Alpes du Sud. Elles sont 37 dans les Alpes de Haute-Provence, dont 20 fichés S. Dans les Hautes-Alpes, 10 personnes sont suivies, dont la moitié de près. Une fiche S qui était jusque-là peu connue du grand public, mais qui est devenue, depuis les attentats de cette année, un élément récurrent d’actualité.


La fiche S : une fiche temporaire qui a un rôle d’alerte

« S » pour Sûreté de l’État, la fiche S n’est en réalité qu’une des nombreuses catégories d’un fichier vieux de plus de 40 ans : le FPR, pour Fichier des Personnes Recherchées. Qui produit les fiches S ? C’est bien souvent la Direction Générale de la Sûreté Intérieure, la DGSI, c’est-à-dire le renseignement français. Le fichage est également européen, depuis la mise en place de l’espace Schengen. Il peut donc être émis par d’autres pays pour une personne se trouvant ou non sur le territoire français. Le cas de la fiche S est particulier puisqu’il vise des personnes que l’on soupçonne de visées terroristes ou d’atteinte à la sûreté de l’État, sans pour autant qu’il y ait eu passage à l’acte. Elles peuvent donc être simplement en relation avec un terroriste connu.


Aucune action des autorités suite à une fiche S

La fiche S n’entraîne aucune action automatique des autorités, que ce soit en matière de suivi ou de surveillance ou même d’expulsion. En réalité, la fiche S a surtout un rôle d’alerte en cas de contrôle d’identité et dans le cadre d’enquête. Enfin, la fiche S est temporaire. Au bout d’un an, si une personne fichée n’a pas de comportement suspect sa fiche est effacée.


Les phénomènes de radicalisation et de départs pour le djihad touchent aussi les territoires ruraux

Si les Alpes du Sud sont des territoires où le risque d’actes terroristes est modéré selon les préfectures, les phénomènes de radicalisation les touchent également. Tout d’abord, il faut savoir que 90 % des départements français sont concernés par le phénomène des filières syro-irakiennes. On compte près de 1.900 Français ou résidents étrangers en France impliqués dans les filières djihadistes. « Ce sont à la fois des personnes en Syrie, qui ont des vélléités de départ, qui sont en transit et qui sont revenues sur le territoire national. Une très grande partie présente un risque terroriste », explique sur Alpes 1 Sébastien Pietrasanta, ancien rapporteur de la loi anti-terrorisme et député des Hauts-de-Seine. Un rapport remis en juin dernier au gouvernement.


Sébastien Pietrasanta


Si ces personnes ont environ 27 ans en moyenne d’âge, elles représentent toutes les couches de la population. Y compris rurale. « Ce ne sont pas que des jeunes de nos quartiers, car toutes les couches de la population y compris aisée est touchée », poursuit le Parlementaire.


La Région PACA, région principale pour les départs vers la Syrie ou l’Irak

Le député souligne surtout que PACA fait partie des quatre régions françaises où les principaux départs pour le djihad se sont faits, « parce que c’est une région peuplée, diverse et proche au niveau géographique ».

Enfin, à l’heure où la tentation des amalgames entre terrorisme et Islam est forte, Sébastien Pietrasanta les écarte, « il y a un quart de convertis, donc qui ne sont pas de familles musulmanes ou de naissance musulmane, ou même issus de l’immigration ». La France reste le premier pays contributeur d’Europe occidentale à la composante djihadiste de l’insurrection.