Hautes-Alpes : Chambon, le pont aérien en place, une vallée qui désespère

CHAMBON / Reportage à bord d’un hélicoptère, ce mardi matin, réalisant le transport de salariés entre la Grave et la rive du lac du Chambon

Hautes-Alpes – Il est 6h30 ce mardi matin, un hélicoptère type Ecureuil atterri sur la Drop Zone du côté de la Grave, à la frontière entre Hautes-Alpes et Isère. Une 30aine de personnes attend pour monter à bord et se rendre au travail. David Le Guen, conseiller municipal de la commune, a assuré l’organisation, « on a recensé toutes les personnes qui devaient traverser. On fait traverser 60 personnes par heure, soit 12 rotations ».

Une Vallée en colère

Ce pont aérien est en place depuis lundi matin, une nouvelle solution d’urgence qui ne cache pas la colère des habitants, « merci au Conseil Régional, ça nous dépanne. Mais on aimerait que l’Etat prenne cette route en charge », explique l’un d’entre eux. Un axe, anciennement national, passé dans le giron départemental avec la réforme de 2005 et qui enregistre entre 3.000 et 7.000 passages de voitures par jour. Du côté de la municipalité de La Grave, on n’hésite pas à parler de désastre économique « à grande échelle », constate Jean-Pierre Sevrez, le maire. « Ce seront des dizaines de millions d’euros perdus entre les Deux Alpes, Serre Chevalier, de Vizille à Briançon si la route ne rouvre pas cet hiver ». Le mot d’ordre est l’attente pour Frédéric, commerçant, « on ne voit personne, nous avons la quasi-certitude de ne pas avoir de routes ». Il faudra pour lui prendre des décisions, quitte à choisir la fermeture.

Le pan de la montagne tient toujours, les travaux sont gelés

Depuis plusieurs jours, le dossier avance au ralenti. Les travaux sont gelés, en raison de l’éboulement attendu du pan de la montagne. Un éboulement qui n’arrive toujours pas, en raison d’un phénomène climatique. Si la montagne continue d’avancer au rythme de deux mètres par jour, « il y a une baisse de l’accélération à cause de la dilatation des roches face à la forte chaleur », explique David Le Guen. Mais aujourd’hui, le Conseil Départemental de l’Isère, maître d’œuvre, ne s’interdit plus des choix au départ rejetés, notamment des solutions de purge soit par explosif, soit au moyen hydraulique. En attendant que la montagne s’écroule, l’hélicoptère continuera ses navettes quotidiennes. Un pansement qui ne tiendra pas plus d’une 20aine de jours.