Hautes-Alpes - Il transportait dans sa voiture des centaines de milliers d’euros de drogue. Le procès de cet Espagnol de 37 ans, interpellé la semaine dernière à Montgardin, alors qu’il reliait l’Espagne à Briançon avec 52 kg de résine de cannabis, s’est tenu ce lundi. Il a été condamné à 2 ans de prison ferme, avec maintien en détention et 3 ans d’interdiction de territoire.
Le procès d’une Espagne en pleine crise
C’est le procès d’une Espagne dans la crise, d’un homme en grande précarité et d’un chômeur arrivant en fin de droit qui s’est tenu ce lundi à la barre du tribunal correctionnel de Gap. « Miguel »* a 37 ans, il est sans casier judiciaire, voilà un an et demi qu’il a été licencié de son emploi de chauffeur routier pour des raisons économiques. Sa femme est malade, et il faut subvenir aux besoins de ses enfants, de 14 et 20 ans. Quand un dealer lui propose il y a quelques mois de le payer 4.000 euros pour transporter de la drogue d’Andalousie à Briançon, il hésite. Puis quand il apprend que sa maison va être vendue aux enchères pour payer ses dettes, il rappelle. Et accepte. Après avoir laissé sa voiture au dealer, pour opérer les transformations, il explique simplement à sa famille qu’il doit partir pour chercher du travail.
Sa voiture est totalement modifiée pour contenir les 66 sachets de drogue
11h30, jeudi : alors que Miguel circule sur la nationale 94 au volant de son véhicule, il est interpellé par la brigade de surveillance intérieure des Douanes de Gap. Le conducteur coopère immédiatement. Et c’est un véritable travail de professionnel de stupéfiants qui est mis à jour par les forces de l’ordre. Du gel est étalé sur les 66 paquets de cannabis, afin de ne pas éveiller l’odorat des chiens anti stupéfiants. La drogue quant à elle est camouflée dans chaque espace vide du véhicule, roues avant, roues arrière. Un système automatique a également été installé, il permet, grâce à un électro-aimant, de faire basculer le siège arrière par le biais d’un smartphone.
« Les hommes ne sont pas mauvais, mais prennent de mauvaises décisions »
A la barre, Miguel explique ému qu’il pensait ne transporter que 10 kg de résine de cannabis. « Ces 4.000 euros me permettaient de manger », justifie-t-il. Le Parquet requiert à son encontre 4 ans de prison ferme et un maintien en détention, 5 ans d’interdiction du sol français. Une peine qualifiée d’indulgente par le Procureur. « Les hommes ne sont pas mauvais, mais ils peuvent prendre de mauvaises décisions », plaide l’avocat de la défense à la barre, en demandant la clémence des magistrats.
À noter que son véhicule a également été confisqué. Le prévenu devra également payer 15.000 euros d’amende pour les frais de douane.
* Pour des raisons d’anonymat, nous utilisons un nom d’emprunt