Alpes du Sud : gilets jaunes et lunettes noires… pour une accessibilité en retard

HANDICAP / Une cinquantaine de manifestants s’est mobilisée ce mercredi à Gap et Digne les Bains, alors que la loi de l’accessibilité n’est pas respectée, 10 ans après

Alpes du Sud - Ils étaient une cinquantaine à Gap et Digne les Bains, gilets jaunes et lunettes noires, à réclamer une accessibilité totale pour les personnes handicapées. 11 février 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances donne un délai de 10 ans aux collectivités territoriales pour rendre accessibles aux personnes handicapées les établissements recevant du public, les lieux de travail, la voirie, et les transports… 10 ans jour pour jour après, les associations sont descendues dans les rues.


La voirie, un danger quand on est handicapé

Si les collectivités territoriales ont donné un coup de collier pour rattraper leur retard, tout n’est pas accessible. « La voirie pose problème avec des obstacles, des passages piétons sur lesquels on n’a pas mis de vigilance, les feux sonores qui sont peu présents », constate amèrement Marilyne Alix, présidente de Alpes Regard 05, pour les personnes déficientes visuelles. La ville est donc toujours un danger quand on est handicapé.


Les transports, ou le parcours du combattant

Autre double peine : les transports en commun sont accessibles, mais avec une organisation des plus pointilleuses. « Il faut réserver 48 heures avant son transport en commun, pour aller dans un commerce, il faut voir si l’on peut prendre les transports de la ville. L’accessibilité n’a pas encore été avancée, il manque une volonté politique », explique Laurent Quaranta, conseiller départemental de l’Association des Paralysés de France dans les Alpes de Haute Provence


« S’il y a accessibilité, il n’y a pas de handicap »


Les associations étaient donc dans les rues, car le gouvernement entérine dans ses textes une ordonnance qui accorde des délais supplémentaires, voire même des dérogations pour tous ceux qui n’ont pu respecter le premier délai de 10 ans imposé en 2005. « Depuis 1975, le délai supplémentaire, ils l’ont eu. Les gens vont faire des dérogations quoiqu’il arrve, le gouvernement ne va pas appliquer la loi. Comment on s’intègre si on a toujours besoin d’aide ? », demande Marie-France Terle, présidente du comité handisport des Hautes-Alpes, « si c’est accessible, il n’y a pas de handicap », dit cette dernière, sur un fauteuil roulant depuis 1984.

D'ici le 27 septembre 2015 au plus tard, chaque établissement recevant du public qui n'est pas accessible devra déposer son Ad'Ap, agendas d’accessibilité programmée. Le délai maximum, décidé par le Préfet, pourra aller de 3 à 9 ans. ?

Notez que Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, souhaite que les Parlementaires et le Gouvernement amende le texte de l’ordonnance. Quant à Joël Giraud, député PRG du 05, il juge l’ordonnance « maladroite » et la concertation « insuffisante ». Mais concède toutefois des difficultés d’accessibilité aux établissements publics dans du bâti ancien. Les deux Parlementaires des Alpes de Haute-Provence n’ont pas donné suite à nos sollicitations.