Alpes de Haute-Provence : la préfecture autorise le prélèvement de 5 loups

ENVIRONNEMENT / la préfecture a signé trois arrêtés autorisant le prélèvement de cinq loups

Alpes de Haute-Provence – Conformément aux recommandations du Plan National Loup (PNL) qui « donne la possibilité aux préfets d'assouplir les modalités de prélèvement de loups », la préfecture des Alpes de Haute-Provence a signé trois arrêtés préfectoraux autorisant le prélèvement de cinq loups, espèce protégée par la Convention de Berne.

Le préfet des Alpes de Haute-Provence, Patricia Willaert, a signé trois arrêtés de prélèvements de loups, les 5, 16 et 18 septembre, a-t-on appris ce mardi matin de la préfecture. Un autre arrêté pourrait être signé, dans les prochains jours, concernant le prélèvement de deux autres canidés, indique également la préfecture.

A titre expérimental et jusqu'au 30 juin 2015, les préfets peuvent autoriser la mise en œuvre de tirs de prélèvement des canidés lors de battues au grand gibier là où « l'importance de la pression de prédation et des dommages aux élevages » le justifie, indique l’arrêté, signé le 5 août dernier par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

« Le loup qui était recensé dans neuf départements en 2008 est aujourd’hui présent dans 24 départements », relève le député-maire (PS) de Forcalquier (Alpes de Haute-Provence), Christophe Castaner, également président du Groupe National Loup. « La ministre de l’Ecologie a donné une nouvelle impulsion au Plan National Loup permettant d’augmenter les prélèvements, rendus obligatoire par la forte augmentation du nombre de loups en France, estimés aujourd’hui à 350 spécimens. Et corrélativement au nombre de victimes, plus de 6.000 bêtes mortes en 2013. Un chiffre en augmentation pour l’année 2014 », a dit Mr Castaner, interrogé par la radio Alpes 1.

« Ces arrêtés arrivent trop tard. Nous regrettons de ne pas avoir véritablement le droit de nous défendre, nous éleveurs. J’ai demandé l’autorisation d’un tir de défense renforcé (10 tireurs peuvent intervenir au maximum et simultanément. NDLR) qui ne m’a pas été accordé car mon troupeau n’avait pas subi au moins trois attaques », explique Yves Derbez, éleveur sur la commune de Méolans-Revel (Alpes de Haute-Provence), par ailleurs président de l’association Eleveurs et Montagne en région Provence-Alpes Côte-d’Azur. « Nous avons perdu encore une année car les troupeaux commencent à redescendre des alpages », regrette Yves Derbez.

« Nous sommes contre les prélèvements qui sont inutiles et contre-productifs en cette période où les louveteaux apprennent à chasser. Si la meute est déstructurée, les petits risquent d’attaquer n’importe comment », a réagi sur Alpes 1 Jean-François Darmstaedter, président de l’Association FERUS qui milite pour la protection des loups, des ours et des lynx en France. « Les pouvoirs publics doivent apporter leur soutien aux éleveurs en mettant le maximum de moyens sur la protection des troupeaux », a insisté Jean-François Darmstaedter. « Nous envisageons d’attaquer les arrêtés si la préfecture des Alpes de Haute-Provence ne respecte pas la loi », prévient Mr Darmstaedter.

Selon la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) Rhône-Alpes, sur les 36 loups pouvant être abattus en France pour la période 2014-2015, un seul loup a été décompté depuis le 30 juin 2014, dans les Alpes Maritimes. Pour la période 2013-2014, 12 loups ont été tués dont 4 par braconnage dans les Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes et la Marne.