Hautes-Alpes / Loi Eau : la crainte de faire du Buëch une vallée désertique

AGRICULTURE / Alors que l’application de la loi sur l’eau, qui augmente les débits réservés et diminue selon la FDSEA l’irrigation, a été repoussée d’un an dans les Hautes-Alpes, le syndicat demande tout bonnement de ne pas l’appliquer

Hautes-Alpes - La loi sur l’eau inquiète les agriculteurs, en particulier ceux de la Vallée du Buëch dans les Hautes-Alpes. Un secteur qui pèse lourd dans la profession, mais qui serait mis à mal par cette mesure qui implique une restriction au niveau de l’irrigation. Et si le préfet des Hautes-Alpes, Pierre Besnard, a annoncé la semaine dernière que l’application de la loi était repoussée à 2015 dans le département, pour le syndicat agricole, ça ne suffit pas.

2006 : la loi européenne sur l’eau et les milieux aquatiques impose d’augmenter ce que l’on appelle le débit réservé. Il s’agit d’un débit minimal laissé dans le cours d’eau à l’aval. Actuellement de 500 litres par seconde dans la Vallée du Buëch, il doit passer demain à 900 litres d’eau par seconde qui passeront sans être prélevé ni par les particuliers, ni par les professionnels. « En fait, on va regarder de l’eau couler », regrette Philippe Hugues, responsable du dossier eau au sein de la FDSEA 05 et agriculteur à Lazer. 

Si le but est d’empêcher certains abus, notamment dans les cultures intensives par exemple de maïs, le syndicat agricole précise que dans les Hautes-Alpes, des efforts « ont été faits depuis 30 ans, par les ASA Associations Syndicales Autorisées, et la mécanisation de l’irrigation ». La Vallée du Buëch représente aujourd’hui 362 exploitations, soit 18 % des exploitants, ou encore 32 460 hectares répartis entre la polyculture élevage qui fait tourner les abattoirs de Gap et de Sisteron, et l’arboriculture qui pèse 1200 emplois directs.

Mais avec cette restriction d’eau, pour Philippe Hugues, c’est toute l’agriculture de la vallée qui va devenir un désert. « On ne pourra plus irriguer, comment faire pousser l’herbe de l’alimentation de nos animaux, on ne pourra plus exercer notre métier », poursuit Philippe Hugue. Sans compter, selon lui, l’impact que cela peut avoir sur le particulier : « Le particulier et ceux cultivant leur potager ne pourront plus non plus, les bornes d’aspersion seront fermées. Et l’aspect touristique n’est pas à négliger ».

A noter que ce passage de 500 litres par seconde à 900 impliquerait que 13.400 hectares ne soient plus irrigués.