Alpes du Sud : des embryons d’opposition naissent contre la centrale à biomasse de Gardanne

ENVIRONNEMENT / Une centrale à biomasse qui se fournira en bois dans les Alpes du Sud. Mais les associations craignent une mise à sac des forêts locales

Alpes du Sud - Des associations des Alpes du Sud vent debout contre ce qu’elles appellent une « arnaque écologique ». Ce qui est visé : la future centrale biomasse de Gardanne-Meyreuil dans les Bouches du Rhône.

Février 2012 : le Ministère de l’Ecologie décide de reconvertir la centrale au charbon de Gardanne-Meyreuil dans les Bouches-du-Rhône. Finie la production d’électricité à base d’énergie fossile et place aux énergies renouvelables avec une centrale biomasse. Son nom : Provence 4. On y produira grâce au bois plus de 7 500 heures par an d’électricité jusqu’en 2034, soit la consommation annuelle électrique de 440 000 ménages. Il s’agit de la plus grosse centrale prévue en France. C’est une société allemande qui porte le projet, la société E.ON. Les travaux ont déjà débuté, la centrale sera opérationnelle début 2015.

Provence 4 est en bon chemin, mais certaines associations veulent lui mettre des bâtons dans les roues. Selon elles, on va saccager les forêts dans les Alpes du Sud. Ce qui pose problème, c’est le plan d’approvisionnement de la centrale. EON a prévu de se fournir en bois dans une zone de 400 km autour de Gardanne, dont les Alpes du Sud. Dès 2015, la centrale aura besoin de 982 milliers de tonnes de bois par an. 34 % seront importés de l’étranger, 32 % viendront des forêts locales sous forme de granulés de bois ou plaquettes, 13 % seront des résidus verts, c’est-à-dire du bois issu du nettoyage ou du débroussaillage des forêts. La centrale consommera également dans une faible mesure du bois de rebut, type palettes, panneaux, ou bois d’ameublement. Mais ce que craignent les associations, c’est que ce plan d’approvisionnement change d’ici 2025. Il n’y aura plus aucune importation, mais beaucoup plus de consommation de ressources forestières locales, à hauteur de 45 %, et une augmentation de l’utilisation des résidus verts, à 33 %. « EON veut augmenter la collecte de bois sur ces zones, il risque de ne plus y avoir assez de bois pour les chaudières communales », explique Jean-Luc Debard, membre du Collectif Vigilance Citoyenne.

Réponse d’EON : tout a bien été calculé selon les richesses disponibles. Selon l’entreprise, le bassin d’approvisionnement pèse 11,5 millions de tonnes par an mobilisables en bois industrie et bois énergie. 7 millions sont actuellement consommées, il en reste donc 4,5 millions de tonnes disponibles. EON annonce n’en consommer que 450 000 tonnes par an. 

Et l’une des zones prioritaires du plan d’approvisionnement, ce sont nos deux départements : les Alpes de Haute-Provence et une partie des Hautes-Alpes, jusque dans le Guillestrois. Selon les experts, dans un rapport datant de février dernier, les Hautes-Alpes fourniront plus de 15 000 tonnes de bois par an, dont une large majorité de bois de rebut. Par contre, les Alpes de Haute Provence fourniront 29 300 tonnes de bois par an, dont une majorité issue d’opérations sylvicoles. Pour le collectif, on va mettre à mal la ressource forestière locale, ce qui aura des conséquences. « Ils vont couper du bois, ce sera des coupes rases d’abord où c’est plus facile. S’il y a des orages, tous les terrains vont être emportés », craint Jean-Luc Debard.

A noter qu’en mai 2012, l’Autorité Environnementale a rendu son avis sur le projet, elle recommandait « d’affiner les engagements de la société en matière d’approvisionnement vis-à-vis notamment de l’exploitation des ressources forestières » et recommandait la mise en place d’un code de bonne conduite et de plans de gestion.

Une réunion aura lieu le 11 décembre prochain à Forcalquier pour mettre en place dans les Alpes de Haute-Provence un collectif.