Hautes-Alpes : l'Aïd El Kebir et la polémique de l’étourdissement

RELIGION / Les musulmans ont célébré la fête du sacrifice, mais les critiques se concentrent sur le rite de l'abattage des moutons

 

- Hautes-Alpes -

 

L’Aïd el-Kebir, la Fête du Sacrifice, est la deuxième fête la plus importante dans la religion musulmane. Elle célèbre le sacrifice d’Ibrahim (ou Abraham), l’un des plus grands prophètes de l’Islam. Pour éviter les abattoirs sauvages, les préfectures des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence ont agréé les abattoirs de Gap, Guillestre et Sisteron.

Après le lever du soleil et la traditionnelle prière, qui a rassemblé plusieurs dizaines de fidèles à Gap, les familles se sont rendues à l’abattoir municipal de Gap pour faire sacrifier un mouton suivant le rite hallal. L’abattoir devient alors un lieu d’effervescence. « C’est une tradition, une fête religieuse et familiale », résume Abdel Halim, qui habite Gap.  « Nous fêtons l’Aïd entre amis, en famille, personne n’est seul ce jour-là », ajoute Maouloud qui arrive de la Bâtie-Neuve.

Le rite est encadré par un sacrificateur agréé par l'instance religieuse et par les services vétérinaires. Mais en coulisses, les critiques se concentrent sur le rite de l'abattage et de l’étourdissement. De son côté, le sacrificateur est un peu dépassé par le nombre d’animaux qu’il faut « sacrifier » avant le déjeuner, près de 300 pour les particuliers et les professionnels.

Selon la loi, les animaux doivent être étourdis avant d’être saignés, c’est-à-dire être insensibilisés afin d'atténuer la souffrance des animaux. Mais une dérogation permet de saigner les animaux sans insensibilisation, dans le cadre de l’abattage rituel. Les moutons qui sont égorgés et qui se vident de leur sang sont alors vivants et conscients. « Pour nous, l’étourdissement est une problématique. Il y a un manque de cohérence entre les services de l’État, qui protègent la santé et le bien-être animal, et la communauté musulmane qui refuse l’étourdissement. L’État doit trancher une bonne fois pour toute », réagit Bruno André, président de la Sicaba, société qui gère l’abattoir de Gap. « Nous sommes contraints dans le cadre de la Délégation de Service Public d’assurer ce service. Il ne s’agit pas d’une activité rentable pour la société », précise M. André.

Les conditions ne sont pas « appropriées », reconnait Abdelbast Hamdouni, président de l’Association Musulmane de Gap depuis 6 ans. « Nous avons demandé une seule chose : que le rite musulman soit respecté. On ne doit pas tuer les bêtes debout. La tête doit être couchée et orientée vers La Mecque », poursuit M. Hamdouni qui remet en cause l’installation, obligatoire, d’un « Restrainer », c’est-à-dire un couloir de contention mécanisé. « Malheureusement les choses sont de pire en pire à Gap. Les travaux qui ont été faits ne facilitent par le rite  », répond M. Hamdouni.