Hautes-Alpes : la Chambre Régionale des Comptes déconseille aux Orres de licencier

ÉCONOMIE / La SEMLORE passée au peigne fin par la Chambre Régionale des Comptes. La situation financière a été analysée de 2008, année de la création de la SEMLORE, à 2014


- Hautes-Alpes -


La SEMLORE passée au peigne fin par la Chambre Régionale des Comptes. La CRC s’est intéressée à la gestionnaire de la station des Orres en analysant sa situation financière de 2008, année de la création de la SEMLORE, à 2014. Les conclusions ont été livrées ce lundi.



Un chiffre d’affaires modulé par une année « catastrophe »

Pour l’exercice 2013/2014, le chiffre d’affaires de la Société d’Economie Mixte est de 10,6 millions d’euros, en hausse de 12 % par rapport à 2008, soit près de 1,2 millions d’euros.  Point noir de ces bilans : l’exercice 2011/2012, une saison marquée par une ouverture tardive de la station en raison des conditions météorologiques catastrophique. D’ailleurs, la Chambre Régionale des Comptes appelle cette période l’année « catastrophe ». « L’ouverture du domaine skiable a été inférieure de 60 % », écrit la CRC. 11 semaines sur les 17 d’activités saisonnières ont connu une conjonction de mauvaises conditions météo, « neige dégradée, pluie gênant l’exploitation, remontée significatif des températures ». La saison se terminera avec une fréquentation en baisse de 13 % et un chiffre d’affaires de 8,6 millions d’euros, soit une baisse de 8,2 % par rapport à l’exercice précédent.

Une année qui survient au plus mauvais moment, car la SEMLORE avait débloqué l’année précédente une enveloppe de 8,7 millions d’euros de travaux sur les pistes et les remontées mécaniques. « Le plan de relance n’est pas encore complètement opérationnel puisque les travaux permettant de tirer profits de ces préalables sont planifiés en 2012 », poursuit la Chambre.

Depuis, la SEM et la commune ont changé de mains, autrefois gérées par Paul Dijoud, c’est désormais Pierre Vollaire qui est à la tête des deux institutions. La Chambre Régionale des Comptes conclut que les comptes pouvaient retrouver un équilibre, voire une situation excédentaire au 30 septembre 2015.  

 


Diminuer le personnel, une politique « contreproductive »

Alors que dans son plan de maitrise, Pierre Vollaire envisageait de réduire les coûts salariaux au sein des équipes de la SEMLORE (réduction des effectifs et non embauche de CDD pour réaliser 200.000 euros d’économies), annonce qui avait suscité un rassemblement d’une centaine de personnes en décembre dernier, ce choix n’est pas soutenu dans son rapport par la Chambre Régionale des Comptes. Selon elle, le processus de maîtrise déjà lancé depuis 2014 est « suffisant et préférable à une poursuite plus prononcée des réductions des coûts, en particulier des coûts salariaux ». Diminuer les équipes est, pour la CRC, un choix contreproductif qui pèserait sur la qualité d’accueil de la station et la satisfaction client.

D’autre part, la CRC note que le montant annuel des charges de personnel de l’exercice 2013/2014 est à un niveau très proche de la moyenne pour la station (4,8 millions). Des effectifs au sein des équipes qui ont également peu évolués depuis la création de la SEMLORE, passant de 236 salariés à l’année (hiver et été confondus, permanents, saisonniers et CDD compris) en 2008 à 242 en 2014.



Le levier « prix » le plus efficient

Pour illustrer ses propos, la Chambre Régionale des Comptes utilise les conclusions d’un cabinet, Contours, qui a analysé de façon détaillé le modèle économique, pris en compte l’étude des variables internes et des facteurs externes. Pour faire face aux risques de saisons compromises, une solution est avancée comme une nécessité : augmenter les tarifs publics de la station. « Elle apparaît la plus susceptible de permettre à la SEMLORE de renouer durablement avec des résultats légèrement excédentaires, avec un plus faible niveau de risque », écrit la CRC, « et permettrait aussi de reconstituer progressivement une capacité d’investissement qui sera utile pour assurer le renouvellement à plus long terme des capacités de la station ». Solution qui semble avoir été entendue par Pierre Vollaire, qui a indiqué limiter à l’avenir les remises commerciales en cas de conditions difficiles.



La Communauté de Communes ne reverserait pas assez aux Orres ?

Les Orres, station véritable moteur économique du bassin embrunais, mais qui ne bénéficierait pas assez de l’aide de la Communauté de Communes ? Pierre Vollaire le pense, en rappelant les retombées économiques sur l’Embrunais, mais aussi la contribution de la station au budget intercommunal, à hauteur d’environ 760.000 euros, alors que la communauté de commune ne lui reverse qu’une compensation dix fois inférieure. « Un retour plus que modéré », comme écrit la CRC. Du côté de la présidente de la Communauté de Communes de l’Embrunais, cette différence est « normale » et est expliqué par la loi de 2001 et la Taxe Professionnelle Unique, « la somme était fixée, la communauté de communes n’a pas décidé de quoi que ce soit ». Chantal Eyméoud précise toutefois que d’autres investissements sont réalisés sur le territoire des Orres, une « solidarité générale de tous les Embrunais ». Alors que des travaux concernant les équipements d’assainissement ont été menés sur tout le territoire de l’intercommunalité, les Orres ont représenté 45 % des sommes investies.