Hautes-Alpes : du purin devant la Préfecture pour s'opposer au loup

AGRICULTURE / Mobilisation des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes, pour demander de nouvelles mesures de protection, contre la prédation du loup.


Hautes-Alpes – Ils demandent des actes forts contre le loup, les Jeunes Agriculteurs se sont rassemblés vendredi matin, devant la préfecture des Hautes-Alpes. Une soixantaine de manifestants, venue en tracteurs et déversant de la boue et du purin devant les bâtiments préfectoraux. Une brebis morte a même été accrochée aux grilles de la préfecture. Un défilé de tracteurs et d’engins agricoles qui a surpris passants et forces de l’ordre.

   

Les Jeunes Agriculteurs ont décidé de se mobiliser quasi-spontanément, un mois après leur défilé durant le Tour de France. Déjà, à l’époque, Raphaël Eyraud dénonçait l’inaction des pouvoirs publics face aux loups. « La Préfecture et l’Etat nous avaient dit qu’ils prélèveraient au moins deux loups par département, pour arriver à un total de 36 comme on a le droit. Aujourd’hui, ça n’a pas été fait. Sur le département, il y en a eu un de mort. En tout, on doit être à trois. Les éleveurs en ont marre. Il y a des attaques presque tous les jours. On en peut plus », regrette sur Alpes 1 le co-président des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes.


« On a un Ministre de l’Agriculture qui ne dit pas un mot »

Les Jeunes Agriculteurs dénoncent le chiffre de 282 victimes du loup depuis le début de l’année, contre 250 en 2014. 69 attaques, contre 51 à la même période l’an passé. Face à ce constat, les éleveurs se sentent délaissés par les pouvoirs publics. « Il y a une Convention de Berne qui a été signée en Europe, donc c’est un problème européen. Chaque Etat a quand même le droit de faire des règles. Le problème, c’est que l’Etat français n’est pas capable de les faire. Il faudrait qu’ils se mettent un peu au travail. On a un Ministre de l’Agriculture qui ne dit pas un mot, sur la problématique du loup », dénonce Alexandre Lagier, président des JA 05. La conséquence, selon eux, la disparition de l’élevage dans les zones de montagne.



Prélever 36 loups, c’est impossible

Un avis partagé par le seul élu présent ce vendredi matin. Il s’agit de Christian Hubaud, maire de Pelleautier et conseiller départemental en charge de l’agriculture. Il avait pris un arrêté controversé et illégal en mai sur sa commune, autorisant ses habitants à tirer le loup. « Tant qu’on ne prélèvera pas plus de loups, on sera toujours dans une situation catastrophique ». Mais pour l’élu, prélever des loups reste une opération difficile à mettre en œuvre. « 36 loups, il faut les voir pour les tuer. Autoriser le tir de loups, c’est très bien, mais tuer 36 loups c’est pratiquement impossible. » Impossible, mais en attendant deux tirs de prélèvement sont actifs dans le Dévoluy et le Parpaillon et un tir de défense renforcé sur la commune de Champoléon. Un tir de prélèvement est aussi actif dans les Alpes de Haute-Provence, dans le Pays de Seyne. Lundi dernier, 29 brebis ont été retrouvées mortes à Méolans-Revel.