Hautes-Alpes : procès du lac du Sautet, tout repose sur le témoignage de Virginie

JUSTICE / Depuis ce lundi, Bernard Blanc, 62 ans, est accusé du double meurtre de Najoua Nemri et Amar Zidi, deux Gapençais dont les corps ont été retrouvés dans une voiture immergée dans le lac du Sautet.

Hautes-Alpes - 2ème jour du procès devant les Assises des Hautes-Alpes de Bernard Blanc et Laurent Tedeschi. Le premier est accusé du meurtre de Najoua Nemri et Amar Zidi, 28 et 33 ans, le 13 décembre 2011 à Saint Julien en Champsaur. Les victimes qui seront retrouvées un mois plus tard, dans une voiture immergée dans le lac du Sautet. Quant à Laurent Tesdeschi, il aurait aidé le meurtrier présumé à transporter les corps jusqu'au lieu final.


Pas de traces ADN, pas de preuves matérielles


Virginie, le témoin central dans cette affaire. Cette femme de trente-trois ans qui se serait retrouvée là, au "mauvais moment, au mauvais endroit", selon son ancien compagnon. Tout repose sur son témoignage dans ce dossier, car aucune trace ADN n'a été relevée sur la voiture où reposaient les corps. Voiture qui, rappelons-le, est resté immergée plus d'un mois dans le lac du Sautet. Pas de preuves matérielles non plus. Juste le témoignage de Virginie. C'est elle qui, lors des auditions, colle au plus près des faits. C'est elle qui affirme clairement à la juge d'instruction avoir été présente dans la ferme de Bernard Blanc et avoir vu, ce soir du 13 décembre 2011, Najoua et Amar arriver. C'est elle qui affirme avoir entendu trois coups de feu.

 

Des victimes exécutées 


Trois plaies par balles ont d'ailleurs été retrouvées lors des autopsies. Najoua a été tuée d'une balle au niveau du sein droit. Balle qui est ensuite ressortie en bas du dos. "Elle devait être au moins à genoux quand elle a été abattue ", affirme le directeur d'enquête. Tout comme Amar, qui a reçu deux coups de feu dont un dans le dos. Les victimes auraient été tuées à proximité du portail de la ferme de Bernard Blanc, à St Julien en Champsaur. Et tout se serait passé très vite car Najoua et Amar seraient arrivés aux alentours de 23 h puis tués dans les minutes qui suivent. Aucune raison n'établit clairement la raison du meurtre de la jeune femme, à part sa présence. "Elle aurait pu être un témoin gênant", déclare le directeur d'enquête.


La Cour d'Assises, autour de déductions


Dans ce procès, une chose est étonnante. Le conditionnel et l'hypothèse sont sans cesse employés. "On fait des déductions depuis le début", lance le président. Pas de preuves scientifiques, des témoignages flous. Si l'avocat de la défense tente d'inculper Virginie pour recel de cadavre, "elle aussi aurait pu conduire la voiture au lac ", c'est le témoignage de son ancien compagnon qui l'innocente. Il explique qu'en avril 2012, elle l'a contacté pour lui expliquer cette fameuse nuit. "Elle a été menacée par Laurent, il lui a dit qu'il savait où se trouvaient ses parents".


Virginie, un témoin qui dérange


Et qui devra s'expliquer ce mercredi à la barre sur plusieurs questions : a-t-elle vraiment vu Bernard Blanc abattre les deux victimes ? Pourquoi a-t-elle envoyé un texto à Laurent Tedeschi, avec qui elle entretenait une relation intime, immédiatement après les faits ? Et pour lui demander quoi ?