Hautes-Alpes : 4 mois de prison ferme pour Maria Tchernetskaia maintenue en détention

JUSTICE / Cette femme de 40 ans, originaire de Russie,comparaissait pour deux affaires : non représentation d’enfant et soustraction d'enfant.

Hautes-Alpes - Maria Tchernetskaia devant le tribunal correctionnel de Gap ce jeudi après-midi. Cette femme de 40 ans, originaire de Russie, comparaissait pour deux affaires : la première, pour non représentation d’enfant en juillet et août 2014, où elle avait refusé de confier sa fille à son ex-compagnon, alors qu’il avait un droit de visite. Et la seconde, beaucoup plus médiatisée, en mars dernier où elle avait soustrait sa fille, Dina, 9 ans, à son père pour l’emmener en Russie.


« Elle se croyait au dessus des lois »

La prévenue a immédiatement reconnue les faits, elle voulait défendre les droits "à une enfance paisible, faire passer un message ": Maria Tchernetskaia se justifie à la barre avec un aplomb appuyé par des notions de droit. Car les procédures judiciaires après la séparation du père de Dina sont nombreuses. Si en 2009, elle obtient la garde de sa fille, c'est en août 2014 que le juge des affaires familiales lui retire l'enfant. "Parce qu'elle refuse de se soumettre à la loi", indique le Parquet. Deux fois durant l'été, elle refuse d'accorder son droit de visite au père.

Alors face à une perte de ses droits parentaux, elle "craque" comme elle le dit. Un caractère d'urgence dans le départ que dément le parquet, "dans ses auditions elle avait annoncé préparer son plan depuis décembre". Maria part avec sa fille, sans le sou, sans nourriture, sans chaussures. Dina sera retrouvée avec des blessures sous les voûtes plantaires. Sans le fils aussi, son ainé, Arthur, 15 ans, qu’elle laisse dans les Hautes-Alpes.


Les Hautes-Alpes inquiètes, on craint le suicide

Des recherches sont rapidement engagées, la femme et l'enfant sont inscrits au fichier des personnes recherchées. On craint le pire, les enquêteurs passent même au crible les montagnes voisines pensant que la mère ait pu mettre fin à ses jours avec son enfant. Pendant ce temps, Maria mendie dans des églises pour avoir de la nourriture, ou de quoi dormir dans une auberge de jeunesse. Et quand elle ne peut pas, elle explique lors de son audition par les forces de l'ordre, "j'ai dormi à la belle étoile dans l'aérogare". "J'ai, j'ai, et encore j'ai. Mais à côté d'elle, il y avait aussi sa fille de 9 ans qu'elle a obligé à subir des conditions de SDF pendant trois jours", s'agace la substitut du Procureur. Finalement, c'est le fils aîné, inquiet, qui sort de son mutisme et avoue qu'il a couvert sa mère à sa demande, et qu'elle risque être partie en Russie. Entendu par les gendarmes, il explique que sa mère communiquait avec lui par des post-it écrits en russe, "elle pensait qu'il y avait des micros dans la maison".


Maria et Dina, interpellées alors qu’elles partaient pour la Russie

L'enquête fait alors un bond, car plusieurs personnes déclarent l'avoir vue dans un TGV, dans une gare dormant dehors avec son enfant, puis à l'aéroport de Nice. Elle est finalement retrouvée et interpellée. "C'est l'histoire d'une mère qui aime son enfant, mais qui ne sait pas l'écouter et qui lui fait du mal", témoigne le substitut du procureur qui requiert en tout 8 mois de prison ferme et un maintien en détention.  « Heureusement que Maria n’a pas réussi à partir en Russie, car au vu des coopérations entre les deux pays, le papa n’aurait jamais revu sa fille ». Maria Tchernetskaia a été condamnée à 4 mois de prison ferme, avec maintien en détention et 3.800 euros de dommages et intérêts.