Alpes du Sud / Crash A320: Comment fonctionne la porte du cockpit?

CRASH / La porte du cockpit, verrouillée afin de prévenir des attaques terroristes après le 11 septembre. Explication ici.

Alpes du Sud - Le verrouillage de la porte du cockpit des avions de ligne, système qui existait sur certaines compagnies depuis les années 80 à la suite de détournements, a été généralisé après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, pour éviter une prise de contrôle de l’appareil par des terroristes.

« Une nouvelle législation depuis le 11 septembre a imposé un double système de déverrouillage portes pour éviter une entrée dans la cabine » de pilotage, a rappelé le procureur de la République de Marseille Brice Robin.

« Le mécanisme impose que celui qui est à l'intérieur accepte l'entrée » dans le cockpit, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Marseille, la première depuis l'analyse de la boîte noire contenant les conversations dans le cockpit avant le crash d'un A320 dans les Alpes françaises.

Selon un industriel du secteur, le principe est celui de l'inviolabilité de la porte de la cabine de pilotage: concrètement, pour entrer dans le cockpit, il faut que le pilote aux commandes autorise l'ouverture de la porte.

Ces mesures ont été adoptées après les attaques de 2001 « lorsque les autorités aériennes, EASA (Agence de sécurité aérienne européenne) et FAA (agence américaine, ndlr) notamment, ont demandé aux acteurs de l'aérien de travailler ensemble sur un système permettant de verrouiller le cockpit, afin que personne de l'extérieur ne puisse ouvrir la porte, même sous la contrainte d’une arme. »

« Les systèmes sont différents selon les appareils et les compagnies aériennes, afin de ne pas avoir de norme standard, et d'empêcher des terroristes éventuels de savoir comment cela marche d'une compagnie à l'autre et d’un type d'avion à un autre », a-t-il précisé sous couvert d'anonymat.

Selon des porte-parole de la compagnie Germanwings, « le cockpit est équipé d'une porte blindée. Il y a un système de vidéosurveillance devant la porte, qui permet d'identifier depuis le cockpit qui veut entrer. Seul un pilote à l'intérieur du cockpit peut débloquer la porte », ont-ils ajouté.

Les avions de la compagnie disposent d'un code d'accès pour ouvrir la porte mais Germanwings n'a pas souhaité « donner de détails pour des raisons de sécurité », ni sur la présence ou non d'un pied-de-biche en cabine pour forcer la porte.

Certaines compagnies aériennes disposent en effet d'ustensiles tels que des haches pour briser la porte, mais toutes n’ont pas décidé d’y recourir.

Selon l'industriel, un digicode avec un code secret différent selon les compagnies permet d’actionner une sonnette dans le cockpit pour demander l’ouverture de la porte.

Un switch pour refuser l'accès

Si le pilote à l’intérieur du cockpit ne réagit pas, la porte se déverrouille automatiquement au bout d'une minute.

Mais l'accès au cockpit peut malgré tout être interdit après ce temps de latence si le pilote aux commandes de l'appareil estime qu'il y a danger et qu'il faut protéger le cockpit.

Un système de vidéo lui permet en effet de voir ce qui se passe derrière la porte afin de s'assurer qu'il n’y a aucun danger à ouvrir la porte.

Le pilote ou le copilote resté à l'intérieur "a un switch qui peut refuser l'accès au poste de pilotage", « dans un but tout à fait préventif d'acte illicite », a confirmé Daphné Desrosiers, qui pilote des Boeing 737, sur l'antenne d'une radio française.

Le procureur de la République de Marseille a souligné que "le code est un code d'identification, mais il faut actionner un bouton pour ouvrir" la porte.

Un second code confidentiel d'urgence, via le digicode, peut actionner une deuxième sonnerie plus alertant dans le cockpit. Mais si le pilote dans le cockpit ne fait toujours rien, il ne sera pas possible d'entrer, souligne l'industriel.

Chez Lufthansa, la maison-mère de Germanwings, on a confirmé que l'ouverture de la porte du cockpit est commandée par un code et que son déverrouillage ne peut cependant être "autorisé que de l'intérieur du cockpit en appuyant sur un bouton."

Ces procédures ont été adoptées après les attentats de New-York et Washington, au cours desquels les terroristes avaient fait irruption dans les postes de pilotage pour s'emparer des commandes et lancer les avions contre les tours jumelles du World Trade Center et le Pentagone.

En sein de l'Union européenne, un plan en sept points avait été adopté au lendemain de ces attaques dont la protection de l'accessibilité du cockpit.