Hautes-Alpes : la détresse agricole et ses maux

Le suicide d’un éleveur ovin de 42 ans dans le Rosanais est en train de soulever un malaise : celui de la détresse agricole

Hautes-Alpes – « C’est le mal être, la déprime qu’on ne voit pas au quotidien, la démotivation », explique Bruno André, éleveur de porc dans les Hautes-Alpes et chargé de la communication au sein de la FDSEA. Car un drame individuel est en train de soulever un véritable malaise : celui de la détresse agricole. Dans la nuit de dimanche à lundi, un éleveur ovin de 42 ans s’est donné la mort. Installé depuis deux ans à Sorbiers dans le Rosanais, cet agriculteur est décrit par les habitants comme quelqu’un « plein de vie ». Et désormais, c’est toute la filière qui se pose des questions.

Un malaise qui semble faire de plus en plus de victimes, et les causes du mal qui ronge le monde agricole sont multiples : « Le monde agricole est de plus en plus isolé sur les communes. On est de moins en moins nombreux, on se retrouve à un, deux voire trois agriculteurs », explique Bruno André sur Alpes 1. Le fléau qui touche principalement le monde agricole : le manque de rentabilité économique, à cause entre autre de l’explosion des prix des matières premières. « L’exemple phare est le prix des céréales qui a doublé, le prix des protéines comme le soja a triplé. On est aujourd’hui à 600 euros la tonne. C’est scandaleux qu’il y ait des spéculations sur les matières premières », poursuit l’éleveur. Spéculations et augmentation, une équation nocive pour le monde agricole : « le coût de production augmente, mais pas forcément le prix de vente. Les exploitations sont financièrement de plus en plus tendues et les aides européennes ne compensent pas tout ».

Un 2ème point est évoqué également : le poids administratif qui incombe aux agriculteurs, en particulier le respect des normes européennes. Ce qui implique des agriculteurs une polyvalence complexe : « On s’aperçoit qu’il faut cumuler des emplois de secrétaire, de mathématicien, de transformateur également en allant plus loin dans la transformation pour avoir plus de plus-value. Ils ont du mal à faire face », termine Bruno André.

Un milieu agricole qui manque donc d’oxygène. Un constat identique dans d’autres pays, par exemple le Canada. L’Etat a mis d’ailleurs en place l’an dernier des maisons de répit pour agriculteurs en détresse ont été ouvertes l’an dernier. Elles organisent des courts séjours.